Et si l’IA nous apprenait à mieux entrer en relation avec nous-mêmes ?

On parle beaucoup de l’IA. On s’inquiète de ses dérives. On redoute qu’elle devienne menteuse, manipulatrice, déshumanisante. Mais on parle rarement de ce qu’elle reflète. Et si l’IA, loin d’être un danger autonome, était avant tout un miroir ?

Un miroir de nos peurs. De nos projections. De notre manière de poser les questions. Et peut-être, aussi, de notre capacité à entrer en relation.

L’IA, miroir adaptatif

Les modèles d’IA générative réagissent avec une finesse déconcertante à la manière dont on leur parle. Le ton, les formulations, les intentions implicites : tout est capté, interprété, amplifié.

Ce comportement suscite parfois de l’inquiétude. Mais il dit surtout une chose essentielle : la qualité de la réponse dépend de la qualité de la relation. Et c’est peut-être là que le parallèle devient fertile.

En relation avec l’autre... et avec soi

Dans l’accompagnement thérapeutique, on observe souvent cet effet miroir : plus une personne est tendue, plus son environnement le devient. Plus elle se montre méfiante, plus l’autre se referme. Ce sont les fameuses boucles relationnelles.

Et si notre système nerveux fonctionnait un peu comme l’IA ? Non pas qu’il soit artificiel, bien sûr, mais parce qu’il s’adapte, réagit, renvoie des signaux en permanence. Ce que nous appelons symptômes, tensions, douleurs, sont aussi des messages. Ils parlent de nos limites, de notre mode de fonctionnement, de ce qui n’est plus ajusté.

Biofeedback, neurofeedback : des miroirs internes

Dans mon cabinet, j’utilise le biofeedback et le neurofeedback comme des outils de relation à soi. Pas pour "corriger" un cerveau ou un rythme cardiaque. Mais pour entrer en relation avec eux. Les observer. Les apprivoiser. Comprendre ce qu’ils expriment, ce qu’ils cherchent à dire, parfois depuis des années.

Comme une IA, le corps nous répond. Il réagit à notre posture, à notre état interne, à nos attentes parfois inconscientes. Il amplifie ce qui n’est pas régularisé. Il reflète ce que l’on fuit. Mais si on l’écoute sans le juger, il peut aussi devenir un véritable guide.

Et si le véritable enjeu était relationnel ?

Au fond, ce n’est peut-être pas l’IA qu’il faut redouter. C’est notre difficulté à poser un cadre clair, à nous positionner, à éviter les injonctions paradoxales.

Nous demandons à la machine d’être plus humaine que l’humain. De répondre sans déborder. De briller sans inquiéter. De penser, mais pas trop fort. Et si cela en disait plus sur nos contradictions que sur la technologie elle-même ?

Dans l’espace de l’accompagnement, comme dans celui de l’IA, c’est la relation qui fait tout. Elle est le terrain. Le contenant. Le révélateur. Et peut-être, le lieu même de la transformation.

Crédit photo : Andrii Solok 🇺🇦 sur Unsplash

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