Quand le cerveau rêve en analogique : une autre lecture du TDAH

On parle souvent du TDAH comme d’un “trouble de l’attention”. Mais si, en réalité, c’était aussi une autre façon de faire fonctionner son cerveau ?

Deux façons de traiter l’information

Le cerveau peut fonctionner selon deux grands modes (et non pas “cerveau droit vs gauche”, ça c’est un mythe 👋) :

Mode digital : logique, séquentiel, parfait pour suivre un raisonnement, résoudre un problème, organiser sa journée.

Mode analogique : associatif, créatif, il relie les idées entre elles par ressemblances, métaphores, intuitions.

Ces modes ne sont pas deux “moitiés de cerveau”, mais plutôt deux réseaux de neurones qui s’activent selon le contexte.

Un petit clin d’œil aux rêves

Jean-Paul Tassin l’explique bien : pendant le rêve, le cerveau fonctionne surtout en mode analogique.

C’est pour ça que, dans nos rêves, les enchaînements étranges paraissent limpides sur le moment (“évidemment que mon prof s’est transformé en girafe qui donne un cours de maths dans mon salon !”), mais qu’au réveil, tout semble décousu.

Le rêve illustre à merveille cette logique analogique : les associations dominent, la cohérence rationnelle se met en retrait.

Et le TDAH dans tout ça ?

Chez beaucoup d’adolescents et d’adultes avec TDAH, ce mode analogique est naturellement prédominant.

Résultat :

  • Une pensée en arborescence (les idées jaillissent et se connectent rapidement).

  • Une créativité débordante.

  • Une capacité à imaginer des solutions originales.

Alors oui, ça peut rendre la concentration séquentielle plus difficile. Mais ce n’est pas un défaut : c’est une force, un fonctionnement différent qui mérite d’être reconnu.

La vraie clé

L’objectif n’est pas de rester figé dans un mode ou l’autre. C’est d’apprendre à naviguer entre les deux :

savoir mobiliser son mode digital quand il faut se concentrer en cours,

et laisser s’exprimer le mode analogique quand il s’agit de créer, imaginer, rêver.

🎯 Et c’est justement là qu’intervient le neurofeedback : un entraînement qui aide le cerveau à explorer ces deux modes et à les utiliser quand c’est nécessaire.

Et si on arrêtait de voir le TDAH uniquement par ce qui manque ?

Et si on le regardait aussi comme une porte d’entrée vers d’autres manières de penser, parfois déroutantes, souvent lumineuses ?

📚 Pour aller plus loin

Si ce sujet vous intéresse, voici quelques références solides qui permettent d’explorer davantage la question des rêves, des modes de fonctionnement du cerveau et du TDAH :

  • Steven Laureys (2021). Le sommeil, c’est bon pour le cerveau. Éditions Odile Jacob. Un ouvrage grand public clair et rigoureux, qui fait le point sur les phases de sommeil et leur rôle pour le cerveau.

  • Jean-Pol Tassin (interventions dans des podcasts : Manal Show, France Culture, etc.) Neurobiologiste reconnu, il explique notamment comment le rêve mobilise un fonctionnement analogique du cerveau et peut se construire rétroactivement autour d’un stimulus.

  • Siclari, F. et al. (2017). "The neural correlates of dreaming." Nature Neuroscience, 20(6), 872–878. Étude scientifique de référence qui identifie les signatures EEG associées à l’activité onirique, y compris en sommeil non paradoxal.

  • Stickgold, R. & Walker, M. (2005). "Memory consolidation and reconsolidation: What is the role of sleep?" Trends in Neurosciences, 28(8), 408–415. Une revue scientifique sur les liens entre sommeil, rêves et consolidation de la mémoire.

  • Hobson, J. A. & McCarley, R. W. (1977). "The brain as a dream state generator." American Journal of Psychiatry, 134(12), 1335–1348. Un classique de la neurobiologie du rêve, qui a marqué le passage à une lecture scientifique de l’activité onirique.

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