Comprendre l’angoisse : du piège de l’évitement à l’apprentissage positif
Quand l’angoisse frappe, il n’y a pas de mode d’emploi
Une crise d’angoisse, ce n’est jamais “classique”.
Chaque personne la vit de manière singulière. Et lorsqu’elle survient, il n’y a pas de manuel. On fait ce qu’on peut, avec les moyens du bord.
Face à cette vague soudaine, le cœur qui s’emballe, la gorge qui se serre, l’impression qu’on va mourir ou faire un malaise, le réflexe est naturel : éviter ce qui déclenche la peur. Et c’est bien compréhensible. Quand on se sent en danger vital, on ne réfléchit pas en pesant le pour et le contre. On cherche juste à échapper au pire.
Un chemin souvent observé
Chez beaucoup de personnes anxieuses, on retrouve des étapes similaires :
d’abord des stratégies d’évitement pour contourner les situations qui angoissent,
parfois des médicaments pour calmer les symptômes,
puis une quête de l’origine de l’angoisse, avec l’idée que comprendre “d’où ça vient” suffira à l’arrêter.
Mais même lorsqu’on trouve une explication, un traumatisme, un souvenir, un contexte précis, la crise continue de surgir car le problème n’est pas seulement pourquoi elle existe, mais surtout comment elle fonctionne.
Le cercle vicieux physiologique
Le cerveau ne distingue pas le danger réel du danger perçu.
Une simple pensée intrusive “Et si je faisais un infarctus ?” peut suffire à activer l’amygdale, le centre d’alerte du cerveau.
Cette alarme interne stimule le système nerveux sympathique, qui entraîne les glandes surrénales à libérer de l’adrénaline et de la noradrénaline. En quelques secondes, tout le corps se prépare à réagir :
le cœur s’accélère,
la respiration devient plus rapide,
la transpiration et les tremblements apparaissent.
Pour celui qui vit cette expérience, cela ressemble à un véritable shoot d’adrénaline. Et ces sensations physiques donnent l’impression que la pensée initiale était justifiée.
C’est le cercle vicieux de l’angoisse : la pensée enclenche la réaction corporelle, et la réaction corporelle renforce la croyance de danger.
L’évitement : une stratégie de survie qui devient un piège
Pour échapper à ce cycle, l’esprit adopte une stratégie apparemment logique : éviter.
Éviter l’endroit, l’activité, la pensée qui déclenche l’angoisse.
À court terme, cela soulage. Mais à long terme, ce mécanisme devient un piège :
la vie se rétrécit,
l’angoisse gagne du terrain,
d’autres domaines se retrouvent touchés.
Ce qui était une stratégie de survie se transforme en prison intérieure.
Le paradoxe souligné par la méditation
Comme le rappelle Fabrice Midal dans son dialogue avec le Dr Philippe Presles, plus on cherche à repousser une angoisse, plus elle revient en force.
La méditation enseigne la même chose : ce qu’on fuit nous poursuit, ce qu’on accueille perd de sa force.
L’angoisse ne se dissout pas dans l’évitement. Elle s’apaise quand on comprend son mécanisme et qu’on apprend à l’apprivoiser.
Du soulagement immédiat… à l’apprentissage positif
Avec l’angoisse, l’évitement agit comme un réflexe : j’évite → je me sens mieux → mon cerveau enregistre que fuir est une bonne idée. C’est ce qu’on appelle un apprentissage par conséquence : comme il y a un soulagement derrière, le cerveau retient que ce comportement est utile… et il le reproduit.
Sauf que ce soulagement est un piège : il marche à court terme, mais il enferme à long terme.
Le neurofeedback, lui, utilise le même principe, mais dans l’autre sens.
On pourrait dire que c’est comme avec un enfant qui apprend. Quand il fait un premier pas, ou quand il arrive à manger sans renverser, le parent dit “bravo !” ou sourit avec fierté. Cette réaction devient un signal positif : l’enfant comprend que ce comportement est à reproduire.
Avec le neurofeedback, c’est le cerveau qui reçoit ce “bravo” sous forme de son ou d’image, chaque fois qu’il se rapproche d’un état plus équilibré — ce qu’on appelle un état cible.
Un état cible, c’est simplement un repère : une respiration plus régulière, une activité cérébrale plus stable, un rythme cardiaque plus fluide.
Résultat : petit à petit, le cerveau apprend par lui-même à revenir vers cet état. Non pas par contrainte, mais par apprentissage positif et naturel.
Conclusion : transformer le piège en apprentissage
L’angoisse n’est pas une fatalité, ni un ennemi à abattre.
C’est un mécanisme qui peut devenir un terrain d’apprentissage.
En comprenant le cercle vicieux physiologique, en déjouant le piège de l’évitement, et en utilisant des outils comme le neurofeedback qui reposent sur l’apprentissage positif, il devient possible de rouvrir l’espace intérieur et de retrouver un chemin de liberté.
Pour aller plus loin
Cet article est inspiré de l’épisode du podcast “Dialogue” de Fabrice Midal, avec le Dr Philippe Presles, médecin et thérapeute, auteur notamment de Guérir de l’angoisse en six séances. 🎧 Je vous invite vivement à écouter l’épisode : lien vers le podcast YouTube.
Crédit photo : Jukan Tateisi sur Unsplash