Quand le hasard et les détours écrivent l’histoire du Neurofeedback

Moi, ce que j’aime dans l’histoire du neurofeedback, c’est qu’elle n’avance jamais en ligne droite. Ce n’est pas un plan bien huilé, mais une suite de détours, de hasards, de quêtes inachevées… et de découvertes incroyables.

Prenez Hans Berger. En 1893, il échappe de justesse à la mort dans un accident militaire. Au même moment, sa sœur, à des kilomètres de là, “ressent” qu’il est en danger et lui envoie une lettre. Berger vit ça comme une expérience de télépathie. Devenu psychiatre, il n’aura de cesse de chercher un substrat scientifique à ces phénomènes mystérieux. Il ne trouvera jamais ce qu’il cherchait… mais sur son chemin, il découvrira l’activité électrique du cerveau, l’EEG, les ondes alpha et bêta. Tragique et magnifique à la fois : il n’a pas résolu son énigme, mais il a offert au monde un outil qui allait transformer les neurosciences.

Des décennies plus tard, à Chicago, Joe Kamiya montre que des volontaires peuvent apprendre à produire des ondes alpha sur commande grâce à une rétroaction auditive. Pour la première fois, on découvre que l’on peut apprendre à son cerveau à se réguler. Une idée simple, mais révolutionnaire.

Puis arrive l’histoire que je trouve délicieusement insolite : Barry Sterman, à l’UCLA, entraîne des chats à produire un rythme cérébral particulier, le SMR. Déjà, c’est une prouesse étonnante : qui aurait imaginé dresser des chats… à leur propre activité cérébrale ? Mais le plus incroyable vient après : quand la NASA l’appelle pour tester un carburant toxique, Sterman utilise ses chats. Et là, surprise : ceux qui avaient été entraînés au SMR résistent beaucoup mieux aux crises que les autres. Un hasard de protocole, une rencontre improbable entre deux expériences… et voilà un tournant majeur pour l’histoire du neurofeedback.

Et plus tard, Joel Lubar, élève de Sterman, ouvre encore une autre porte : il applique ces méthodes aux enfants avec TDAH.

Alors non, le neurofeedback n’est pas né du hasard pur. Mais son histoire est jalonnée de coïncidences, de quêtes détournées, et de petites surprises de la vie qui ont fait naître de grandes avancées. Et c’est ça qui m’émerveille : derrière les courbes et les électrodes, il y a des destins humains, des accidents, des intuitions — et parfois, un soupçon de poésie.

Crédit photo : Prianka R sur Unsplash

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