Ondes cérébrales : comprendre les vitesses du cerveau
Quand j’explique le neurofeedback à des ados, j’ai souvent droit à :
“Mais c’est quoi, ces histoires d’ondes ?”
Alors j’utilise une image toute simple : le cerveau, c’est comme une voiture.
Il a plusieurs vitesses. Et attention : ce n’est pas toi qui décides consciemment de les passer, il le fait tout seul, automatiquement.
Mais parfois, le passage est moins fluide : à cause du stress, de la fatigue, d’un choc de vie… ou simplement d’un câblage cérébral différent (TDAH, autres TND).
Voilà à quoi ça ressemble quand on roule dans le cerveau :
Delta (0,5–4 Hz) → C’est le moteur qui tourne au ralenti la nuit 🛌. Tu ne roules pas, mais tout s’active sous le capot : réparation, tri, nettoyage. Indispensable pour repartir le lendemain.
Thêta (4–8 Hz) → C’est la première vitesse. Elle ne sert pas à filer sur l’autoroute, mais à enclencher le mouvement, à franchir le seuil. Grâce à elle, tu peux plonger dans le sommeil ou laisser venir des associations d’idées. Et parfois, elle réapparaît aussi quand tu sors du sommeil.
Alpha (8–12 Hz) → C’est la vitesse de croisière. Tu roules tranquillement, tu regardes le paysage, tu souffles. Tu n’es pas à l’arrêt, mais tu n’es pas en tension non plus.
SMR (12–15 Hz) → C’est la stabilité de la conduite. Tu gardes le volant droit, tu tiens ta trajectoire, la voiture ne fait pas d’à-coups. Dans le cerveau, c’est l’onde de la régulation motrice et de l’attention soutenue.
Bêta (15–30 Hz) → Ce sont les vitesses hautes. Le bon bêta permet d’être efficace : réflexion, action, prise de décision. Mais le haut bêta peut devenir contre-productif. C’est un peu comme si tu étais en ville, obligé de regarder les panneaux, les piétons, les carrefours… et que tu restais en vitesse très élevée. Tu risques la surchauffe, l’inefficacité et l’erreur. Et parfois, le moteur s’emballe au point mort : c’est le bêta en fuseau. Beaucoup de bruit, mais la voiture n’avance pas.
Gamma (>30 Hz) → Ce ne sont pas des vitesses que l’on “passe”, mais plutôt des moments de fluidité intense. Tout s’aligne, le cerveau connecte vite et bien, et la conduite paraît d’un seul coup évidente. On les cite, on peut les observer, mais on ne les entraîne pas en neurofeedback.
Le message clé ? Toutes les vitesses sont utiles. Mais comme sur la route, encore faut-il que la vitesse corresponde à ce que tu veux faire. Rouler vite en bêta n’aide pas à se garer. Rester en thêta ne permet pas de planifier un trajet complexe. L’art du neurofeedback, c’est précisément ça : aider ton cerveau à retrouver la fluidité pour passer les vitesses au bon moment, dans la bonne intensité, et dans la bonne zone.