Les enfants et les adultes ont besoin de ponts pour passer du concret au symbolique
Pourquoi c’est si important ?
Quand une idée est présentée trop abstraite, sans lien avec le vécu ou un exemple concret :
Le cerveau ne trouve pas d’accroche → l’information flotte dans le vide.
La personne se retrouve cognitivement dépassée : la mémoire de travail ne parvient pas à la retenir, ni à la manipuler.
Résultat : on se sent perdu, on décroche… et très souvent, on se dévalorise (“je suis nul”, “je ne peux pas comprendre ça”).
Ce n’est pas un problème d’intelligence, c’est un problème de traduction pédagogique.
🧠 Ce qui se passe dans le cerveau
Mémoire de travail (siège : cortex préfrontal) : c’est la “ram” du cerveau, capable de garder temporairement 3 à 5 informations à la fois. Elle sert à manipuler mentalement une donnée.
Si l’info est trop abstraite et sans point d’ancrage, la mémoire de travail se sature → impossible de la stabiliser.
Quand l’info est ancrée dans du concret (exemple, analogie, image), alors les réseaux associatifs (hippocampe, cortex associatif) prennent le relais et créent une accroche durable.
La mémoire de travail, c’est comme un tableau blanc mental : si on n’y écrit que des symboles incompréhensibles, ils s’effacent aussitôt. Si on les relie à une image familière, ils tiennent et deviennent exploitables.
Enfant vs adulte
Chez l’enfant : le passage du concret à l’abstrait est un processus de développement (cf. Piaget). Avant 11 ans, la logique est surtout concrète ; l’abstrait pur est difficile.
Chez l’adulte : le cerveau peut traiter l’abstrait, mais encore faut-il qu’il ait des stratégies d’ancrage. Beaucoup d’adultes qui ont souffert à l’école n’ont jamais appris à demander un exemple, ni à faire eux-mêmes ce pont. Ils associent l’échec d’abstraction à une “bêtise personnelle”.
Ce qu’on peut faire
Toujours prévoir un pont : présenter l’idée abstraite + un exemple concret ou une analogie.
Dédramatiser : rappeler que “avoir besoin d’un exemple” n’est pas un signe de faiblesse, mais une stratégie cognitive.
Rendre la mécanique visible : expliquer que comprendre = passer par ce pont → ça libère de la honte.
En résumé : Ce n’est pas la personne qui est “nulle”, c’est l’absence de pont qui rend l’abstrait inaccessible.
Un exemple, une image, une métaphore = et tout s’éclaire.