Quand aider devient trop
Ce texte n’est pas un coup de gueule. C’est une réflexion sur ce que nous transmettons en tant que professionnel(le) dans le domaine du neurofeedback, sur ce que nous promettons et sur les limites qu’il est essentiel de garder pour protéger ceux qui nous font confiance. Il ne s’agit pas de pointer du doigt, mais de rappeler une chose simple : vouloir aider ne suffit pas, encore faut-il pouvoir le faire sans se perdre soi-même.
Et en cette Journée nationale des aidants, ce message prend une résonance toute particulière, parce qu’aider demande du courage, mais aussi du discernement. Et que même ceux qui tendent la main ont besoin, parfois, qu’on leur rappelle de se préserver.
Aujourd’hui, j’ai partagé un texte fort sur l’éthique du neurofeedback (cf https://pro.neurologic.fr/blog/n40)
Un cri du cœur, mais aussi un rappel de raison.
J’ai travaillé plus de vingt ans dans le marketing, et je reconnais bien quand le discours prend le pas sur la substance. Dans le neurofeedback, c’est un vrai risque : celui de vendre du rêve à ceux qui n’ont plus la force d’y croire.
Quand je vois certaines formations promettre à des parents d’enfants touchés par le TDAH qu’ils pourront à la fois aider leur enfant et en faire leur futur métier, je ressens un malaise profond. Pas par jugement, mais parce que je mesure les implications humaines derrière ces promesses.
Les parents d’enfants TDAH sont souvent à bout de souffle.
Ils ont déjà tout donné : le temps, l’énergie, la patience, les ressources, les nuits.
Alors, quand on leur dit : « Vous pourrez enfin reprendre le contrôle », ils y croient, parce qu’aimer son enfant, c’est croire, même quand on n’en peut plus.
Mais personne ne leur explique à quel point c’est difficile d’endosser plusieurs rôles à la fois.
On ne peut pas être simultanément parent, accompagnant, pédagogue et thérapeute sans s’épuiser.
Et accompagner son propre enfant, c’est encore autre chose : c’est un lien chargé d’amour, d’attente et parfois de souffrance. Ce n’est pas un cadre neutre.
La formation au neurofeedback, même courte, demande une rigueur réelle : des heures d’étude, une maîtrise technique, un suivi clinique. C’est un vrai engagement, exigeant, qui repose sur l’expérience, la supervision et la formation continue.
Promettre qu’on peut tout concilier, se reconvertir, aider son enfant et changer de vie, c’est nier (ou pire occulter) cette réalité.
Et c’est, malgré les bonnes intentions, risquer d’ajouter de la fatigue à la fatigue, et de la déception à la souffrance.
Je le dis avec respect : le neurofeedback est un outil précieux, mais il ne fait pas tout.
C’est dans la complémentarité, entre les approches, les professionnels, les parents, que les progrès se construisent.
C’est pour cela que j’ai voulu partager le texte de NeuroLogic, parce qu’il met en lumière une question essentielle, pas celle de “qui a raison”, mais celle de comment nous pratiquons, et avec quelle éthique.
À tous ceux qui accompagnent, soutiennent, relèvent ou réparent : n’oubliez pas que votre force n’est pas dans ce que vous donnez, mais dans ce que vous préservez pour continuer à le faire, jour après jour.
Crédit photo : Kateryna Hliznitsova sur Unsplash