🧠 Tribune douce : Et si on arrêtait de dire aux parents qu’ils ont tout foutu en l’air à cause des écrans ?

On entend souvent : « Le cerveau des enfants est saturé », « Les écrans détruisent l’attention », « Le mode par défaut ne se développe plus »...

Et c’est vrai : les études sont nombreuses, les résultats préoccupants parfois.

Mais ce que les études montrent rarement, c’est le contexte dans lequel les décisions parentales ont été prises.

Ce que les données ne racontent pas, c’est l’épuisement, l’isolement, les nuits blanches, les enfants à haut besoin, l’absence de relais, les couples à bout, les familles éclatées.

Ce qu’on oublie de dire, c’est que le cerveau parental aussi a ses limites.

📚 La théorie se heurte au mur du réel

Il y a un passage que j’aime particulièrement dans un essai de François Bégaudeau, où il parle du “mur du réel”.

Ce mur, c’est celui contre lequel viennent se briser les idéaux théoriques trop rigides, appliqués sans nuance, sans adaptation.

Les principes éducatifs bien intentionnés qui ne tiennent plus quand le bébé ne dort pas, quand l’enfant hurle non-stop, quand la fatigue déborde de toutes parts.

Vouloir suivre les recommandations à la lettre, c’est parfois ce qu’on fait avant d’avoir vécu.

Et puis un jour, on comprend que l’éducation, ce n’est pas une stratégie de com’, c’est de la chair, du vécu, du compromis, du tâtonnement.

👶 L’écran n’est pas le mal. C’est un outil.

Oui, les écrans peuvent dérégler les circuits attentionnels, fragmenter la pensée, perturber le sommeil.

Mais ils ne “détruisent” pas un cerveau.

Ils ne font pas de nous de “mauvais parents”.

Ce sont des outils, comme l’a été la télévision, la radio, le livre même, à certaines époques. Ce qui compte, c’est l’usage qu’on en fait.

Et surtout :

➡️ Ce qu’on a fait par survie n’est pas un choix délibéré de renoncement.

➡️ Ce qu’on a fait dans l’épuisement mérite d’être regardé avec compassion, pas avec honte.

➡️ Ce qu’on fait à partir d’aujourd’hui a toute sa valeur.

🧠 Le cerveau n’est pas figé. Il apprend à tout âge.

Le message essentiel que la science nous offre aujourd’hui, c’est celui-ci :

la plasticité cérébrale existe à tous les âges.

Le cerveau peut se réorganiser, créer de nouvelles connexions, développer de nouvelles capacités… même après des périodes de “surstimulation”.

Des approches comme le neurofeedback ou la cohérence cardiaque, par exemple, aident à restaurer l’équilibre attentionnel, émotionnel, et cognitif.

Elles ne "réparent" pas un cerveau abîmé — parce que ce n’est pas une question de dommage.

Elles permettent simplement à l’enfant (ou à l’adulte) de retrouver un accès fluide à ses ressources internes.

👪 Ce n’est pas juste une affaire de neurones, c’est une affaire de société

On accuse souvent les parents…

Mais où sont les solidarités familiales qui existaient autrefois ?

Aujourd’hui, beaucoup de parents assument seuls une charge immense, dans des logements étroits, avec deux salaires à assurer, et des injonctions à bien faire en permanence.

Et dans cette réalité-là, la perfection est un leurre.

La culpabilité est un poison.

Et la bienveillance, une urgence.

🔎 Pour aller plus loin : ce que nous disent les neurosciences

✔️ Le cerveau reste plastique à tout âge : Kolb & Gibb (2011) ; Doidge (2007)

✔️ Les effets des écrans dépendent du contexte (qualité du contenu, interactions sociales, âge de l’enfant) : Lillard et al. (2015), Christakis (2018)

✔️ Le neurofeedback soutient les régulations attentionnelles et émotionnelles : Gruzelier (2014), Enriquez-Geppert et al. (2019)

✔️ Le lien affectif et les ajustements familiaux comptent autant que les règles théoriques : Davidson & McEwen (2012)

Crédit photo : Charles Deluvio sur Unsplash

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